LE MONUMENT DE CHIPILLY

 

 

 

  Lors de la délibération du 18 juillet 1923, le conseil municipal de Chipilly sollicite l’autorisation d’ériger un monument à la mémoire des enfants de la commune morts pour la France.

 

  Désiré Jeannot, entrepreneur de monuments funéraires à Villers Bretonneux adresse un devis, avec plan et dessin. Il s'engage à fournir un monument en granit belge avec des motifs gravés : casque, palme, laurier et chêne.

 

  L'ensemble, inscriptions des noms comprises, s'élève à 4500 francs (4500 euros), somme qui sera couverte par le produit d'une souscription et par des crédits municipaux.

 

   La commission d'examen des projets émet un avis favorable le 12 décembre 1923.

  


 

 

    Le monument est une pyramide classique. Les ornements végétaux symbolisent la victoire, la paix et l’immortalité; le casque porté par les Poilus symbolise la France combattante.

 

   Rappelons que ce type de monument est le plus répandu car le moins cher pour des communes ruinées par la guerre.

 

 


 

 

Faisant pendant au monument communal, s’élève un autre monument érigé à la gloire des morts de la 58è division britannique, « la London Division », qui prit part aux héroïques combats de 1918 livrés dans ce secteur lors de la bataille d’Amiens.

 

  Ce monument représente une fontaine surmontée d’un magnifique ensemble sculptural : un combattant anglais réconfortant son cheval blessé ; il enserre entre ses bras la tête de l’animal qu’il embrasse tendrement.

 

 

 

 

   Cette œuvre remarquable est due au ciseau de Henri-Désiré Gauquié (1858-1927). Primé à plusieurs reprises au Salon officiel des Artistes français, ce sculpteur produisit une oeuvre abondante et fut aussi un excellent sculpteur animalier.  

 

 


 

 

La représentation d’un animal blessé est exceptionnelle dans les monuments et sculptures commémoratifs. Ce monument, où transparaissent tendresse et émotion, tranche avec l’aspect plutôt sévère de la majorité des monuments aux morts de la Grande Guerre.

 

Désiré-Henri Gauquié rend ainsi hommage à tous les chevaux victimes de la guerre, comme le fera en 2011 Steven Spielberg dans son film Cheval de guerre.

 


 

 

 

Comme le rapporte le Journal d’Amiens (24 juillet 1924), les deux monuments furent inaugurés lors la cérémonie franco-anglaise du dimanche 29 juin 1924.

 

La première inauguration fut celle du monument britannique. Après une réception à la mairie, un important cortège regroupant les personnalités locales, les représentants de l'armée anglaise et la population, se rendit aux monuments.

 

Devant le monument anglais, le général Fanshawe "en un discours ému fit l'historique du combat de Chipilly ... puis le sous-préfet adressa un fidèle et reconnaissant hommage aux morts de la 58è division" ...

 

La cérémonie se termine par la sonnerie émouvante du "last post" et la bénédiction du monument par un pasteur anglais et un prêtre français.

 

Le cortège se rend ensuite au monument français où de nombreux orateurs rendirent hommage aux morts pour la Patrie.