LE MONUMENT D'AULT

 

 

 

 

 

 

Certains monuments aux morts de la Somme ont pour auteurs des sculpteurs de réputation régionale (Albert Roze, Louis-Henri Leclabart, Charles-Valentin Molliens) voire nationale (Paul Auban).

 

Amiens (Cimetière St Acheul) - Albert Roze
Amiens (Cimetière St Acheul) - Albert Roze
Abbeville - "Les Patrouilleurs" - Louis-Henri Leclabart
Abbeville - "Les Patrouilleurs" - Louis-Henri Leclabart

Thézy-Glimont - Charles-Valentin Molliens
Thézy-Glimont - Charles-Valentin Molliens
Péronne - "La Picarde maudissant la guerre" (Paul Auban)
Péronne - "La Picarde maudissant la guerre" (Paul Auban)

 

 

La commune d'Ault peut s'enorgueillir, elle, d'avoir fait appel à un sculpteur de renommée internationale Paul Landowski.

 

Né à Paris en 1875, grand prix de Rome de sculpture en 1900, Paul Landowski comme nombre de ses confrères artistes, est intégré en 1915 à la section camouflage d'Amiens chargée d'inventer des moyens de tromper l'ennemi en maquillant le matériel et les lieux.

 

"Ces , je les relèverai !" s'était-il promis alors, profondément affecté par les scènes qu'il a vues et les sentiments qu'il a éprouvés durant ses années de guerre.

 

 

C'est ainsi qu'il prit largement part à la commémoration funéraire de la Première Guerre en réalisant de nombreux monuments aux morts, dont Les Fantômes (1935), sculpture remarquable sur la butte de Chalmont, près de d'Oulchy-le-Château, dans l'Aisne.

 

 

 

 

 

 

 


  

 

Comme pour toute commande de ce genre, le sculpteur n'échappera pas à l'iconographie banalisée. En effet, le même poilu se dresse dans d'autres villes.

 

 

 

 

 

Mais l'oeuvre qui le rendit célèbre est sans contexte le Christ rédempteur du Corcovado, haut de 30 mètres, érigé en 1931 à Rio de Janeiro au Brésil.

 


 

 

 

 

 

Dans une lettre du 26 novembre 1920 adressée au maire de la commune d’Ault, Paul Landowski accepte d’exécuter le monument d'Ault

 

"pour le prix de 15 000 francs (environ 15 000 euros). Ce prix comprend l'exécution complète du monument, la statue, les deux stèles à droite et à gauche, la gravure des noms ... le tout en pierre de Chauvigny ou en pierre de qualité au moins aussi dure. Le monument aura 6m40 de façade. La statue 2m60 de haut".

 

La somme sera en grande partie couverte par une souscription publique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si comme le demandait la Mairie les noms des soldats sont inscrits sur les stèles, l’inscription prévue "A ses enfants morts pour la France le bourg d'Ault reconnaissant", se traduira par "Ault à ses enfants morts pour la Patrie".


 

 

Adossé au mur de l'église, un beau soldat de pierre,  la tête penchée et les mains jointes sur son fusil, semble représenter le combattant éternel.

 

Sous le casque apparaît un visage grave qui veille sur ses compagnons tombés au combat et traduit l'accablement. Bien que debout, c'est un soldat mort qui nous fait face, ses pieds pris dans la pierre sont déjà au tombeau.

 

 

D'un réalisme stylisé, cette statue, par sa dimension esthétique, se démarque des nombreuses productions stéréotypées, érigés ici ou là dans la Somme.

 

 

Comme pour la plupart des monuments, lors de sa restauration, des plaques portant le nom des morts ont remplacé les noms d'origine gravés à même la pierre.

 

L'inauguration eut lieu le 16 octobre 1921.