LE MONUMENT DE VIGNACOURT

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1920 le conseil municipal de Vignacourt décide l'érection de deux monuments, un à la mémoire des soldats de la commune morts pour la Patrie et l'autre aux soldats britanniques qui ont versé leur sang pour la défense du sol français.

 

La dépense de 22 000 francs (environ 22 000 euros) sera couverte par une souscription publique de 14 400 francs, 6000 francs versés par la commune, le reste par une subvention de l'Etat. La réalisation des deux monuments sera confiée au sculpteur amiénois Albert Roze.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au cimetière britannique, le sculpteur a représenté un poilu français, tranquillement appuyé sur son fusil dans la position de la sentinelle au repos.

 

 


 

 

 

 

Le second monument a été élevé dans le cimetière communal.

 

Entouré par une haie d'ifs taillés et isolé de l'espace publique par une clôture, il représente un groupe sculpté posé sur un piédestal.

 

C'est la figure allégorique d'une veuve et de l'orphelin, thème cher au sculpteur que l'on retrouvera dans d'autres communes comme Fontaine-sur-Somme ou Corbie. (photos en bas de page)

 

 


 

 

 

 "L'allégorie est plus tendre et sentimentale. Une veuve enveloppée dans son voile, entoure d'un geste affectueux l'orphelin qui se découvre devant les tombes de son père et de tous les morts de la guerre. Et elle est prête à s'incliner pour déposer sur la sépulture les fleurs du souvenir et de la reconnaissance." (Le Progrès de la Somme, 9 août 1921)

 

"Qu'il est expressif et comme il parle à l'âme ce groupe dû au ciseau de M. Roze ! Une veuve enveloppée de son voile entoure l'orphelin qui se découvre devant la tombe de son père ..." (Journal de Péronne 14 août 1921)

 

 

 

 

Les inaugurations eurent lieu le 7 août 1921. La cérémonie débuta le matin par une messe ; la partie publique se déroula l'après-midi.

 

Parmi les nombreuses personnalités françaises et britanniques figurait également le statuaire Albert Roze. Au cimetière britannique, plus de 2000 personnes étaient massées autour des clôtures ; "mais nulle bousculade, nul cri déplacé".

 

Le colonel Goodland, chef de la Commission impériales des sépultures britanniques de France, montrant le Poilu d'Albert Roze, s'exclama :

 

"C'est le Poilu français que j'ai connu et admiré en Macédoine, à Gallipoli, en Serbie et dans les Flandres ... c'est le Poilu qu'aiment tous les Tommies ... c'est lui qui se dresse dans notre cimetière et qui dit aux six cents morts qui y reposent : "Frères d'armes de l'armée britannique, tombés au champ d'honneur, dormez en paix, nous veillons sur vous".

 

Au cimetière français, une estrade a été élevée à côté du monument.

 

Le programme de la cérémonie est identique à celui qui vient de s'achever. Soldats français et britanniques sont traités sur le même pied d'égalité comme sur le champ de bataille.

 

Parmi les nombreux discours celui du sénateur qui précise le but de ce monument :

 

"permettre aux familles des disparus de venir au champ du repos pour évoquer loin des regards indiscrets ou indifférents, l'image du père ou de l'enfant dont la dépouille mortelle n'a pu être ramenée au pays natal".

 

Et il termine en ces termes : "devant ce monument montrons à nos glorieux enfants que nous avons compris l'enseignement qu'ils ont donné au monde étonné, la plus haute, la plus noble leçon de l'histoire". (Le Progrès de la Somme 9 août 1921).

 

Le cortège regagna ensuite la mairie en passant sous un arc de triomphe ou un jeune poilu monte la garde aux côtés d'une gracieuse Alsacienne.