LE MONUMENT DE PERONNE

 

 

 

"La Picarde maudissant la guerre" figure dans tous les ouvrages consacrés aux monuments aux morts. C'est l'un des monuments les plus intéressants de la Somme. Il est même une référence parmi les monuments que l'on qualifie de pacifistes.

 

 

 

 

 

PERONNE Vue générale
PERONNE Vue générale

 

 

  

Dès l'été 1922, la municipalité de Péronne et l'Union nationale des Combattants forment un comité pour l'érection d'un monument aux morts pour la ville.

 

En 1925, est organisé un concours ouvert " aux Artistes de Nationalité Française, Architectes ou Sculpteurs » avec l’exigence que "ce monument devra exprimer le souvenir douloureux et glorieux de nos Morts Victorieux".

 

Le projet retenu est celui de l’architecte Louis Faille, natif de Nurlu dans la Somme  et pour la statuaire, du sculpteur Paul Auban, professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Paris.

 

Le coût de la réalisation s'élève à quelque 100 000 francs (environ 100 000 euros). La dépense sera couverte par une souscription publique qui recueillera plus de 48 000 euros, des subventions et des emprunts.

 

"La picarde maudissant la guerre " :

 

Au centre d'une composition monumentale, la femme de pierre penchée, presque étendue, sur le corps de son mari (ou de son fils) tend un poing vengeur en direction d'invisibles ennemis. On peut lire sur son visage farouche, détermination, chagrin, colère.

 

La composition triangulaire du groupe, l’élan du corps projeté vers l’avant, donnent dynamisme et puissance à l’œuvre.

 

 

Paul Auban a repris le personnage central d’une de ses sculptures L'Epave (visible à Nantes, square Maurice Schwob), faisant d’une femme de marin, une femme de soldat.


 

 

 

A chaque extrémité du monument, deux bas-reliefs en bronze réalisés en 1926 par Paul Theunissen, (sculpteur qui obtint de nombreuses médailles à l’école des Beaux-Arts de Paris), présentent des scènes guerrières.

 

A droite, on voit les poilus au combat dans la tranchée. A gauche, le siège de Péronne en 1536 (date gravée dans le bronze) avec la figure mythique de Catherine de Poix dite "Marie Fouré", qui défendit la cité assiégée par les troupes de Charles-Quint. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce monument fut inauguré le 20 juin 1926. Un programme présentait le déroulement de la cérémonie. Les habitants étaient invités à décorer et pavoiser leurs habitations, principalement sur le parcours du cortège.


La Gazette de Péronne du 24 juin 1926 consacre toute une page à la cérémonie d'inauguration qui se déroula conformément au programme. Lors du déjeuner, le Maire remercia les Péronnais qui, tous par leurs dons généreux, avaient "voulu  participer à l'oeuvre de glorification des morts héroïques". 

 

Il adressa ensuite ses félicitations aux sculpteurs et à l'architecte  pour l'oeuvre réalisée en soulignant qu'ils avaient voulu

 

"rendre avec force la douleur d'une mère dont, au milieu des ruines, le fils vient d'être tué par l'ennemi. Son geste n'est pas un geste de vengeance, mais un geste de fureur douloureuse, tout à fait humain. Puisse-t-il enseigner aux peuples l'horreur de la guerre !"

 

L'après-midi le cortège se rendit devant le monument aux morts. La foule nombreuse suivait les personnalités parmi lesquelles M. Theunissen auteur des bas-reliefs et M. Faille architecte.

 

Après l'appel des morts et de brefs discours, la foula défila lentement devant le monument ; ainsi prit fin cette cérémonie " dont la simplicité grandiose marquera longtemps au coeur la population tout entière."