LE MONUMENT DE DOULLENS

 

 

 

 

 

 

Dès 1920, le conseil municipal de Doullens vote une subvention pour édifier un monument aux morts.

 

Des deux projets soumis à une commission spéciale, le conseil choisit celui de l'architecte amiénois Marcel Gogois qui, en juin 1924, présente un devis accompagné d'une maquette, que l'on peut encore voir, à la mairie, dans la salle du Commandement unique.

 

 

 

 


 

 

 

 

Le montant pour le seul monument s'élève à 50 000 francs (environ 50 000 euros), couverts par une souscription publique et un emprunt communal.

 

L'emplacement choisi suscite, comme dans bien des cas, des débats comme en témoigne la lettre d'un lecteur pour qui le meilleur choix serait celui où l'espace serait suffisant pour la formation et la dislocation des cortèges ; alors qu'au cimetière ce ne serait que bousculades et cohues. (Le Progrès de la Somme, 8 septembre 1921)

 

 

 

 

 

 

Collaborent à l'édification du monument divers corps de métiers dont les factures vont fortement augmenter le prix de l'édifice.

 

L'entreprise Fèvre livre la pierre d'Euville (32300 francs) ; l'entrepreneur Tempez exécute les travaux de fondations et de pose du monument (17000 francs) ; le sculpteur parisien Attenni réalise l'urne en marbre au centre du monument ornée d'un casque, de laurier, d'acanthe et d'une épée (4124 francs).

 

La clôture est l'oeuvre de l'entreprise Carpentier de Doullens (6200 francs) et les plantations et la mise en état du jardin sont réalisées par la maison Moser horticulteur-pépiniériste à Versailles (12943 francs).


 

 

 

 

Le monument repose sur un soubassement surélevé de quelques marches en granit.

 

Des épées, sculptées en pleine pierre et autour desquelles s'enroulent du chêne et du laurier, ornent les pilastres extérieurs.

Les dates 1914-1918 sont gravées de part et d'autre d'un bouclier antique qui maintient liées les épées.

Les noms des morts sont inscrits sur quatre colonnes formant l'intérieur du portique. Au fronton sont sculptées les armes de la ville de Doullens avec l'inscription : " La Ville de Doullens à ses glorieux enfants morts pour la France".

 

 

 

 

 

L'inauguration du monument eut lieu le 11 octobre 1925 en présence de diverses personnalités dont le sculpteur amiénois Albert Roze.

 

Cette manifestation se déroula dans la plus grande dignité comme l'avaient voulu la municipalité et les organisateurs.

 

"La population ... avec la plus grande délicatesse, a suivi d'instinct les directives morales de ses élus ... Aucun cri, aucun de ces bruits discordants, si pénibles en ces circonstances, pas de flonflons inopportuns, pas de girandoles superflues ... rien que la Marseillaise".

 

Dans son discours, un conseiller d'arrondissement mit en valeur les symboliques du monument "dont la base solide représente le Patriotisme, ce sentiment toujours vivace en nos coeurs ... la ligne rigide et sévère des fûts la signification matérielle du devoir, de la discipline et du dévouement ... l'arche lumineuse, porte ouverte sur l'azur, l'infini, l'avenir ..."

 

Le maire adressa à la foule nombreuse une invite lyrique :

 

"Familles qui déplorez la perte d'un cher disparu, prenez souvent ce chemin. Sur la tombe de nos glorieux morts, portez des fleurs. Versez des pleurs : les larmes sont douces à ceux qui ne sont plus.

 

Au retour vous vous arrêterez au monument de nos héros, sur les tables où s'inscrivent les noms des 250 de nos enfants; vous aurez vite trouvé celui qui vous est cher et ce pèlerinage vous sera réconfortant". (Le Petit Doullennais, 17 octobre 1925). 

 

En résumé, cette cérémonie a été empreinte  de la plus grande simplicité et le plus parfait recueillement a régné toute cette journée, conclut le journaliste.

 

 

 

 

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Le Petit Doullennais de mai 1920 publie dans un article "Le livre d'or de l'arrondissement de Doullens ", un tableau récapitulatif des morts de l'arrondissement.